Dido parle de son nouvel album, Girl Who Got Away, de sa folie pour la pâtisserie saine pendant sa grossesse, et de son amour pour la motoneige
Au début du mois, la chanteuse et parolière britannique Dido est revenue après un congé sabbatique (et maternité) de cinq ans, avec son quatrième album studio, Girl Who Got Away. Vanity Fair Daily a récemment rencontré l’interprète de 'White Flag' pour discuter de son processus créatif, de ses aventures culinaires sans gluten, et de sa capacité à écrire et à enregistrer un morceau en une journée. Voici quelques extraits de notre conversation :Vanity Fair : Félicitations pour votre nouvel album ! Vous avez déclaré que c'était un mélange de toutes les musiques que vous aimiez : la dance, la musique d'ambiance, le hip-hop, la pop. Est-ce une approche différente d'avec les morceaux que vous avez écrits pour vos précédents albums ?
Dido : Pas vraiment, non. No Angel [sorti en 1999], en particulier, a représenté quelque chose de similaire. Chaque fois que j'écris une chanson, je veux simplement la produire de la manière qui lui soit la mieux appropriée, et je finis par faire des références à toutes les musiques que j'aime. Et j'adore des tas de types de musique différents, que ce soit la dance, le dub, le hip-hop, la musique d'ambiance, la pop, ou la musique folk. Ce que j'aime, c'est me sentir libre de partir dans toutes les directions. Du moment que c'est cohérent avec la chanson, j'entends. C'est comme ça que je garde une cohérence entre les albums.
Vous parlez de liberté, et vous avez déclaré dans une vidéo de votre label que vous aviez ressenti un véritable sentiment de liberté avec cet album. Pourriez-vous en dire un peu plus à ce sujet ?
Pas mal d’années s'étaient écoulées, et c'était comme s’il n’y avait pas de pression, dans un sens positif. L'album s'est fait de manière très naturelle, je menais ma vie, je travaillais avec des gens, et j'écrivais des chansons. Travailler avec mon frère [Rollo Armstrong], ainsi qu'opérer un petit retour aux sources, a permis de rendre le processus libre et facile. Pour le troisième album, je pense avoir été plus intéressée par le fait de faire quelque chose de différent et de changer les choses, et c'en est presque devenu un disque plus difficile. C'est souvent le cas avec un second album, mais pour moi, je pense que ça a été [le cas] avec le troisième album.
Cet album ci est un peu plus joyeux que le précédent, n'est-ce pas ?
Les choses ne sont jamais aussi simples que ça, avec moi, et il existe toujours un mélange entre le sombre et le lumineux, dans chaque morceau. C'est de cette manière que j'aime écrire des chansons. Le troisième album étaient très sombre, c'était une époque très sombre, et c'est un album chargé d'émotion. C'est aussi le cas avec celui-ci, mais d'une manière différente.
Le troisième album est un album intensément sombre. Je ne l'avais pas vraiment réalisé avant d’en chanter des extraits en live, en pensant : "Ouah". Je chantais des morceaux très sombres chaque soir. [Rires] C'est ce qu'on attend d'une carrière : revenir en arrière et voir que chaque album représente une période de votre vie, que vous y avez tout déversé, et que tout ce que vous avez ressenti est présent sur ce disque. Ce qui était plaisant, avec le dernier album, c'est d'avoir cette assurance, du fait du troisième album. Je me suis sentie d’avantage capable d’aller au bout de quelques idées que j'avais, qu'elles aient été folles ou non.
Votre précédent album date de 2008, mais vos albums ont chacun trois, quatre ans d’écart.
C'est en grande partie dû aux tournées. Pour No Angel, par exemple, je suis partie en tournée pendant trois ans. Et j'étais en tournée pendant deux ans, après Life For Rent. Je partais sur les routes, et je continuais sur ma lancée, encore et toujours. Je n'ai jamais été capable de faire un disque lorsque je suis en tournée. Je trouve que l'état d'esprit est complètement différent. Et entre chaque album, je veux avoir une vie, une aventure, et avoir quelque chose sur quoi écrire.
Quel est votre processus créatif lorsque vous écrivez ?
Lorsque j'écris une chanson, c’est comme une image floue, et puis, soudain, je sais vraiment ce sur quoi j'écris, et tout devient clair. Si ce n'est pas quelque chose de très clair, ou que je ne sais pas ce sur quoi j'écris, ou si ce n'est pas chargé d'émotion, alors je ne terminerais probablement pas le morceau.
A d'autres moments, je m'assois simplement dans le studio, et j'écris. Je peux produire beaucoup de choses, dans ces cas là. Tout est là, dans ma tête, et je me dis que si j'attendais simplement ces petits moments [d'inspiration], je n'écrirais jamais rien. J'aime vraiment m’assoir avec ma guitare, et je commence à jouer, et ça me conduit à écrire une chanson. J'ai l’impression que c’est toujours comme ça que ça se termine.
Quand ou comment savez-vous qu'une chanson est bonne ? Ou qu'elle est terminée et ne nécessite plus de modification ?
C'est la chose, je crois, dont je tire de la fierté. J'ai l’impression que j'ai de l'instinct pour ça, et je pense que c'est réellement un art de le savoir. On peut aller trop loin, ou ne pas s'arrêter assez tôt. Mais pour moi, c'est lorsque j’ai envie d'écouter une chanson encore et encore, lorsqu'elle m’émeut, lorsque je suis absolument d'accord pour la jouer à mes critiques les plus sévères. A la minute où j'atteins le stade où je veux vraiment jouer la chanson devant des gens, comme des membres de ma famille, qui me diront la vérité avec des termes précis, alors je sais.
Travaillez-vous sur vos chansons pendant un bon moment, où réussissez-vous généralement [à terminer] assez rapidement après que l'inspiration pour une chanson soit venue ?
C'est à chaque fois différent. Avec 'Thank You', ça m'a pris cinq minutes, et avec 'White Flag', j'avais le chorus un an avant de pouvoir terminer les couplets. Ca tournait sans cesse dans ma tête, et l'image était floue, et soudain, c'est devenu très clair. C’est aussi le cas avec cet album ; 'End of Night', par exemple, a été écrite en un jour. Et j'ai traîné 'No Freedom' avec moi pendant une éternité, sous différentes versions. J'aime enregistrer les voix dès la minute où j'ai écris une chanson, si ce n'est pendant que je l'écris. Pour 'End of Night', j'étais d’ailleurs en train de l'écrire pendant que je la chantais, et je trouve qu’on obtient ainsi un vrai effet brut.
Quelques unes de vos chansons sont apparues dans des bandes originales de films, comme pour "127 heures" ou "Sex and the City 2". Les gens passent-ils commande ?
C'est ce qui arrive, le plus souvent. Dans le cas de "127 heures", la chanson a été écrite spécialement pour le film. Ca a été un grand choc lorsqu'elle a été nominée aux Oscars. Je n'arrivais pas à y croire, c'était inattendu. Je travaillais avec A. R. Rahman, et je crois que Danny Boyle a entendu ma voix sur ce morceau, et il [m'a contactée] pour me dire : "Voudriez-vous faire une chanson pour ce film ?" Je connaissais déjà l’histoire, j'avais lu le livre, donc j'étais absolument partante pour le faire. On a fait [le morceau] en une journée, et j'ai trouvé que c'était sympa. Et puis, j'ai commencé à recevoir des e-mails, quelques semaines plus tard, qui disaient : "Tu as été nominée aux Oscars !" J’étais étonnée. C'était complètement inattendu, et génial.
Etait-ce une chanson qui a pris cinq minutes à écrire ?
Non, mais ça a été assez rapide. Ca a pris un week-end. J'ai passé beaucoup de temps à y travailler pendant le week-end, et je l'ai ensuite enregistrée en 45 minutes, ou une heure, et c’était tout, elle était finie. A. R. Rahman est une gars intelligent, vous savez, le crédit ne me revient pas, en grande majorité. C'est lui qui a fait que ça fonctionne avec le film, et j'étais très heureuse de simplement prêter ma voix. C'est tout un art de faire en sorte que ce genre de choses fonctionne vraiment avec un film.
Lorsque vous ne travaillez pas, quel genre de choses aimez vous faire ?
J'aime la motoneige. [Rires] Je dois avouer que j'adore faire des activités qui déconnectent complètement mon cerveau de tout. Je ne peux pas trainer à rien faire, parce que je pense alors à l’écriture d'une nouvelle chanson. Si je veux vraiment me détendre, je dois en fait m'adonner à quelque chose qui nécessite toute ma concentration. Comme conduire une motoneige lancée à grande vitesse.
Et j'adore faire de la pâtisserie. Pendant ma grossesse, j'ai eu une frénésie de pâtisserie... Oui, jusqu'à ce que mon mari m'arrête, parce que ça devenait tout simplement ridicule. Il a l'impression qu'il doit tout manger. Il ne veut pas gaspiller. Et moi, je faisais gâteau sur gâteau. Il y a quelque chose de très beau dans la pâtisserie. On commence avec une bouillie informe, qu'on transforme en quelque chose d'extraordinaire. Je suis très forte en pâtisserie saine, différente et un peu bizarre. J'ai toujours des recettes sans sucre, ou sans blé, ou sans tout-ce-que-vous-voulez, et certaines sont absolument infectes ! Certaines finissent très mal.
Traduction de Dido France. Reproduction interdite.